Quand il est lancé, il est difficile de l’arrêter Jean-François Kahn. Et ce ne sont pas ses 600 auditeurs (environ 200 de plus que la dernière fois) qui vont s’en plaindre. Il commence par aborder la question de la presse. La situation de la presse écrite lui semble cataclysmique. « Quand une entreprise qui perd de l’argent trop longtemps, elle dépose le bilan. Dans ce cas, il n’y aurait plus de journaux nationaux car ils sont quasiment tous déficitaires. Nous serions dans une situation pire que les pays ayant une presse unique car nous n’en aurions plus ! », lance l’ancien journaliste.
Actuellement, peu de journaux forgent les opinions. Ils vendent peu mais influencent beaucoup car ils sont repris par les autres médias : le Figaro (100 000 ventes), le Monde (100 000 ventes) ou encore Libération (moins de 55 000 ventes). Avant ils étaient bien plus mais à mesure que les journaux disparaissaient, le lectorat ne se reportait pas sur ceux qui restaient mais disparaissait purement et simplement. « Au fond, seulement 7 à 8 journalistes font les opinions et ils vivent tous à Paris. Ils finissent pas se formater. Par exemple, pour le dernier référendum européen, 95% de la presse prônait le « oui » alors que la population a voté « non ». Cette unicité n’est pas normale », ajoute-t-il. Mais il reconnaît que la France a des journaux de qualité : le Monde ou Libération ont un vrai niveau. « C’est un honneur de ne pas avoir de torchon comme le Sun ou Bild-Zeitung ».
Et, bien sûr, il y a la concurrence du gratuit. « Fallait-il permettre qu’ils voient le jour ? Pourquoi ce serait toléré avec les journaux et pas avec le reste ? Si on donnait des baguettes gratuites devant les boulangeries, elles aussi feraient faillite ! », s’exclame Jean-François Kahn ; passionné et passionnant, il tient son public en haleine et ne lui donne pas le temps de souffler avant de continuer son speech. Mais la gratuité n’existe pas : si les lecteurs ne payent pas, c’est qu’il y a un sponsor ou de la publicité.
C’est un concept que l’écrivain développe dans l’un de ses derniers livres, Philosophie de la réalité. Critique du réalisme (2011). « Depuis que la philosophie existe, le problème central, c’est ''qu’est-ce que la réalité''? Les journalistes se basent sur ce qu’ils ont vu. Mais ce qu’ils constatent ce sont des sondages qui ne sont plus d’actualité quand ils sont publiés », explique l’écrivain. Son idée est que le réel, est une œuvre en constante évolution. Ce n’est pas quelque chose de figé mais ce que nous faisons. Il prend l’exemple de Pétain et De Gaulle : en 1940, le maréchal oppose son réalisme (la France est vaincue et doit se soumettre) à l’idéalisme du général (la France vaincra). Pour Jean-François Kahn, le vrai réaliste c’est De Gaulle qui arrive à voir plus loin que le bout de son nez. Pour l’écrivain, « la réalité est façonnée par le génie humain ».
Au moment des questions, un homme dans le public interroge l’auteur sur la raison pour laquelle il a arrêté le journalisme : en lien ou non avec l’affaire Dominique Strauss-Kahn et la malheureuse parole du journaliste ? « Franchement c’est un prétexte. Pour des tas de raisons, je voulais décrocher du journalisme mais je ne voulais pas donner l’impression que je décrochais de Marianne », se justifie Jean-François Kahn. Il évoque le problème intéressant posé par cette affaire : « DSK philosophiquement et idéologiquement, c’est tout ce que je déteste. Si j’ai créé Marianne, c’est contre ce monde-là. J’ai employé une phrase maladroite, ça a été une connerie ». Mais il ajoute penser que DSK n'a pas violé la femme de chambre. « Je pense que c’est un baisoman compulsif, mais ce n’est pas un violeur. Dans le rapport, il est dit qu’elle faisait des extra dans l’hôtel. Donc il a sauté sur l’occasion et sur la fille.»
Pourquoi prendre position pour François Bayrou ?
« Aux précédentes élections, je l’avais soutenu par défaut. Là, je souhaite vraiment qu’il soit président. Je ne suis pas à 100 % d’accord avec ses idées mais je le soutiens pour des raisons patriotiques. Objectivement, je me dis que le mieux pour le pays serait qu’il soit président. Si Nicolas Sarkozy était réélu ce serait une catastrophe car depuis plusieurs années, il y a un phénomène de rejet des Français envers lui. Quelqu’un qui serait réélu par défaut, sans vrai soutien de la population, pour cinq ans, ce serait terrible ! Il faudrait quelqu’un qui soit capable de dépasser la cassure et de réunir les Français ; quelqu’un conscient de la réalité et aussi de la nécessité d’une forme de révolution ».
Cette semaine, des sondages ont montré une montée de Marine Le Pen. Qu’en pensez-vous ?
« C’est logique car tout le monde fait son jeu. Quand Martine Aubry dit qu’il faut régulariser automatiquement les sans-papiers, ce qui signifie l’immigration libre, ça donne des voix au Front National. Quand Claude Guéant, qui est un type épouvantable, dit que les peines vont être différentes si on est clandestin ou Français, il fait aussi le jeu du Front National ».
Que pensez-vous de la presse en ligne ?
« Pour moi, il n’existe pas de révolution technologique en soi : la technologie ne change pas les structures existantes, mais elle se met à leur service. Les avancées technologiques peuvent donc servir aussi bien la rébellion que l’oppression. La presse en ligne peut déboucher sur le meilleur ou sur le pire. Il faut se mobiliser pour que ce soit le meilleur ».
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