Ce jeudi 22 juillet, je gare ma voiture rue Jeanne Lequerré le long du Stade Louis Mahé avec l’intention d’aller me baigner. En sortant de ma voiture une dame m’interpelle….

Bonjour Madame , vous n’avez pas perdu un petit chat ?

Non, pourquoi ? il  y a un chat perdu ?

Je suis son regard inquiet vers un poteau électrique : au sommet un chat en détresse miaule désespérément. Il est emmêlé dans des fils électriques et ne peut se libérer.

Immédiatement je perçois les multiple facettes du danger : danger pour l’animal, danger pour un passant piéton si le chat tombe ( la bête paniquée pourrait lui lacérer le visage) danger pour un véhicule deux roues, danger d’un accident électrique.

Deux autres dames sont présentes.

«  cela fait trois heures que nous sommes au pied du poteau essayant d’appâter l’animal avec des croquettes mais il ne peut se dégager. Nous avons appelé les pompiers, la Mairie, la police mais chacun renvoie l’intervention à la responsabilité des autres. On tourne en rond. »

J’ai connaissance que depuis l’insertion de l’article 515-14 dans le code civil en 2015, l’animal n’est plus considéré comme une chose mais comme un « être vivant doué de sensibilité »

L’obligation citoyenne de signaler une personne en danger est donc transposable à un animal en danger. De plus les passants n’étant pas spécialistes des câbles ils ne leur appartient pas d’évaluer le niveau du danger en la matière.

Lorsqu’on est témoin d’un danger ou face à une victime ( en l’occurrence le chat est bien une victime dont la situation peut générer des risques pour le public) on est soi même sous l’emprise de l’émotion, on crie à l’aide pour l’autre et on ressent un sentiment d’impuissance et de solitude. L’accueil des services de secours ou des organismes qui ont cette mission de service au public est essentiel ; l’agacement , l’absence d’écoute par ce que l’on n’a pas frappé à la bonne porte qui nous est renvoyé  induit un ressenti pour le témoin d’injustice et de découragement. Empruntant le téléphone des dames j’ai refais le parcours des appels qu’elles avaient déjà effectué et j’ai fait le même constat que ces dames :

Les pompiers : «  En Loire-Atlantique on n’intervient pas  pour sauver les animaux, dans 2 ou 3 jours le chat saura bien redescendre tout seul… » ;

La police : «  Nous on travaille avec un pistolet et des menottes, ce n’est pas avec ça que l’on peut délivrer un chat…je vous met en lien avec la Mairie ». Nous avons pu échanger  cette fois directement avec un employé du service technique de la Mairie de Pornichet qui après une écoute responsable et respectueuse, sans pouvoir garantir une intervention, nous a assuré que quelqu’un viendrait pour évaluer la situation.

Retournant chez moi pour récupérer dans mon téléphone quelques numéros ressources  

J’aperçois des ouvriers qui travaillent sur des câbles à l’aide de la nacelle de leur camion.

Je me dis : «  c’est tout à fait ce qu’il faudrait pour sauver Réglisse-menthe ( le chat est noir et blanc, je l’ai donc déjà baptisé ainsi). Je tente ma chance. Je me gare. J’explique aux ouvriers la situation. Réponse immédiate : «  on y va madame, on vous suit ». Je ne citerai pas le nom de l’entreprise car je ne veux pas risquer de porter préjudice à ces messieurs, mais l’entreprise a bien de la chance d’avoir des employés aussi responsables, courageux doté d’un engagement civique exemplaire .

Ils ont sauvé Réglisse-Menthe, le chat prisonnier des fils électriques sous le regard admiratif et soulagé des dames. Il faut préciser que ce sont des petits enfants qui ont aperçu le chat en premier alertés par ces miaulement. Ils ont averti leur grand-mère qui s’est mobilisée auprès de ses voisines de l’avenue Jeanne Lequerré. Les ouvriers ont été blessés par les morsures et les griffures du chat paniqué. Les riveraines leur ont prodigué des soins. Peut-être souffrent -ils de leurs blessures aujourd’hui. C’est en reconnaissance de la solidarité  dont ces citoyen (ne)s ont fait  preuve que je donne de mon temps  en écrivant ces quelques mots. Pour les enfants aussi. Il faut les encourager à poursuivre leur attitude de jeunes citoyens qui signalent et ne ferment pas les yeux quant il y a danger pour autrui.

Les Service techniques de la Mairie sont arrivés sur site peu de temps après.  Ils ont remercié les « sauveteurs ».

Loin de moi l’idée de discéditer le courage et l’engagement des organismes de secours mais, il me semble urgent d’améliorer le système d’accueil et d’orientation de l’usager dans ce genre de situation. Normalement il devrait suffire d’appeler un service et que ce soit ce service qui transmette le signalement à ses pairs compétents . Si l’incident s’est bien terminé la manière dont les choses se sont déroulées n’est pas normale et insatisfaisante.

Je suis allée me baigner en fredonnant cette vieille chanson  «  Si tous les gars  du monde voulaient se donner la main, le bonheur serait pour demain… »

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